Article publié dans Le Point.fr : http://www.lepoint.fr/monde/mali-l-inquietude-internationale-06-07-2012-1482242_24.php
Depuis le coup d'État du 22 mars 2012, le Mali connaît une crise politique, territoriale et sociale sans précédent.
Cela fait maintenant plus de trois mois que les groupes islamistes détiennent la région du nord du Mali. La fusion entre le mouvement salafiste Ansar Eddine, le Mouvement national de la libération de l'Azawad et la branche sahélienne d'al-Qaida a rendu la reprise de la région presque impossible. Le gouvernement malien, proche du néant depuis le coup d'État du 22 mars 2012, ne semble pas pouvoir régler la situation par ses propres moyens.
L'instabilité politique du Mali a clairement profité aux différents mouvements islamistes qui se sont aujourd'hui installés durablement dans le nord du Mali. Après les violents combats à Gao du 27 juin entre les touaregs, Ansar Eddine a pris l'avantage sur le MNLA dans la région. Le groupe islamiste s'est manifesté rapidement en détruisant les mausolées de saints musulmans à Tombouctou, classés au patrimoine mondial en péril de l'Unesco.
Le retour incontrôlé dans le nord du Mali des armes et des nombreux mercenaires maliens qui combattaient en Libye pour le colonel Kadhafi a largement gonflé les contingents des rebelles touaregs.
"La Libye n'ayant pas de frontières communes avec le Mali, les touaregs ont dû franchir deux frontières : Libye-Algérie et Algérie-Mali. Et ils n'ont pas été désarmés ! Pourtant, les combattants touaregs d'origine nigérienne qui ont franchi la frontière entre la Libye et le Niger, eux, ont été appréhendés par les forces de l'ordre nigériennes. Ce qui s'est passé rend perplexe. Faut-il y voir une coopération d'islamistes algériens ? Les puissants réseaux d'al-Qaida au Maghreb islamique dans cette région du Sahel ont tout à fait le pouvoir de transiter les armes et les hommes jusqu'au Mali. Même s'il n'existe pas de "preuves formelles", explique André Bourgeot, responsable scientifique du programme "Nouveaux enjeux dans l'espace saharo-sahélien" au CNRS, dans un article du Point.fr.
L'inquiétude de la communauté internationale
Pour la communauté internationale, il faut tout d'abord mettre en place un gouvernement stable au Mali avant d'envisager toute opération militaire. "Un gouvernement d'union nationale aura la légitimité pour demander l'intervention des troupes africaines au nord. On ne peut pas résoudre le problème du nord si on ne résout pas d'abord le problème de Bamako", explique le président guinéen Alpha Condé.
Alors que le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé à des sanctions contre les rebelles du nord du Mali dans une résolution adoptée à l'unanimité jeudi, une intervention militaire rapide paraît difficile.
Le Mali, ancienne colonie française, a obtenu son indépendance en 1960. La transition de colonisé à État souverain a pourtant été difficile pour le pays, qui a connu, durant son histoire, plusieurs coups d'État. En tant qu'ancienne puissance colonisatrice, la France a-t-elle un devoir particulier dans la crise que traverse le Mali ? Depuis l'indépendance, les rancoeurs héritées de la colonisation n'ont jamais permis de mettre en place une véritable coopération entre les deux États.
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