Friday 6 July 2012

Mali, une inquiétude internationale



Depuis le coup d'État du 22 mars 2012, le Mali connaît une crise politique, territoriale et sociale sans précédent.

Cela fait maintenant plus de trois mois que les groupes islamistes détiennent la région du nord du Mali. La fusion entre le mouvement salafiste Ansar Eddine, le Mouvement national de la libération de l'Azawad et la branche sahélienne d'al-Qaida a rendu la reprise de la région presque impossible. Le gouvernement malien, proche du néant depuis le coup d'État du 22 mars 2012, ne semble pas pouvoir régler la situation par ses propres moyens.

L'instabilité politique du Mali a clairement profité aux différents mouvements islamistes qui se sont aujourd'hui installés durablement dans le nord du Mali. Après les violents combats à Gao du 27 juin entre les touaregs, Ansar Eddine a pris l'avantage sur le MNLA dans la région. Le groupe islamiste s'est manifesté rapidement en détruisant les mausolées de saints musulmans à Tombouctou, classés au patrimoine mondial en péril de l'Unesco.

Mercenaires de retour de Libye

Le retour incontrôlé dans le nord du Mali des armes et des nombreux mercenaires maliens qui combattaient en Libye pour le colonel Kadhafi a largement gonflé les contingents des rebelles touaregs.

"La Libye n'ayant pas de frontières communes avec le Mali, les touaregs ont dû franchir deux frontières : Libye-Algérie et Algérie-Mali. Et ils n'ont pas été désarmés ! Pourtant, les combattants touaregs d'origine nigérienne qui ont franchi la frontière entre la Libye et le Niger, eux, ont été appréhendés par les forces de l'ordre nigériennes. Ce qui s'est passé rend perplexe. Faut-il y voir une coopération d'islamistes algériens ? Les puissants réseaux d'al-Qaida au Maghreb islamique dans cette région du Sahel ont tout à fait le pouvoir de transiter les armes et les hommes jusqu'au Mali. Même s'il n'existe pas de "preuves formelles", explique André Bourgeot, responsable scientifique du programme "Nouveaux enjeux dans l'espace saharo-sahélien" au CNRS, dans un article du Point.fr.

L'inquiétude de la communauté internationale

La communauté africaine a réagi rapidement face à la situation au Mali. La Cedeao et l'Union africaine ont dénoncé les agissements des rebelles dans la région et ont saisi l'ONU pour obtenir son appui à une opération militaire. Endiguer les réseaux islamistes au Mali est une priorité stratégique évidente. Il serait, en effet, dangereux de laisser les forces rebelles islamistes se renforcer dans le Sahara malien, une région qui connaît déjà une forte implantation islamiste et des conditions climatiques extrêmes.

Pour la communauté internationale, il faut tout d'abord mettre en place un gouvernement stable au Mali avant d'envisager toute opération militaire. "Un gouvernement d'union nationale aura la légitimité pour demander l'intervention des troupes africaines au nord. On ne peut pas résoudre le problème du nord si on ne résout pas d'abord le problème de Bamako", explique le président guinéen Alpha Condé.

Alors que le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé à des sanctions contre les rebelles du nord du Mali dans une résolution adoptée à l'unanimité jeudi, une intervention militaire rapide paraît difficile.

Sahelistan

Assez discret jusqu'à présent, la montée en puissance des islamistes d'Ansar Eddine, la destruction des mausolées et les commentaires internationaux ont fait réagir le gouvernement français. "Nous avons eu l'Afghanistan, il ne faut pas qu'il y ait de Sahelistan. Cette situation menace non seulement le Mali, qui doit retrouver toute son intégrité, mais aussi toute la région", a déclaré vendredi Laurent Fabius à propos de la crise malienne.

Le Mali, ancienne colonie française, a obtenu son indépendance en 1960. La transition de colonisé à État souverain a pourtant été difficile pour le pays, qui a connu, durant son histoire, plusieurs coups d'État. En tant qu'ancienne puissance colonisatrice, la France a-t-elle un devoir particulier dans la crise que traverse le Mali ? Depuis l'indépendance, les rancoeurs héritées de la colonisation n'ont jamais permis de mettre en place une véritable coopération entre les deux États.

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