Sunday 15 April 2012

L’huile de palme, des conséquences écologiques désastreuses

article publié pour le site écologique Anciela :
http://www.anciela.info/contain/article.php?id_art=140

L’huile végétale est un élément essentiel à la cuisine, aux carburants ou encore aux produits esthétiques. Il en existe différents types : l’huile d’arachide, de colza, de soja, de tournesol, d’olive, ainsi que l’huile de palme d’Afrique. La consommation de cette dernière, qui ne cesse d’augmenter, perturbe grandement l’équilibre écologique de la planète.


       L’huile de palme est directement extraite du fruit de l’arbre, la drupe, par pression à chaud. Comme son nom l’indique, le palmier à huile est originaire du continent Africain. Il se trouve principalement au niveau du golfe de Guinée, et fait parti de la tradition culinaire africaine. Les Africains utilisent l’huile pour l’alimentation, les cosmétiques, ainsi qu’en boisson alcoolisée appelée vin de palme.
      Alors que l’huile de palme fait parti de la tradition Africaine depuis plus de cinq mille ans, ce n’est qu’à partir des années 1990 que la production industrielle de l’huile de palme a relativement explosé. Les producteurs ont été séduits par le fort rendement de ce produit alimentaire. Le palmier produit environ  4 tonnes d’huile par hectare, un résultat bien supérieur au soja : 0,5 tonne par hectare ou au colza : 0,6 par hectare.
      On trouve dorénavant des cultures de palmier en Amérique du Sud, dans une grande partie de l’Afrique Subsaharienne et en Asie. Selon les chiffres FAO, l’organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture, l’Indonésie et la Malaisie ont produit respectivement 11,7 et 13,2 millions de tonnes d’huile en 2008, bien plus que le premier producteur africain, le Nigéria, qui compte une production d’environ 900 000 tonnes pour la même année. 

Une huile nuisible pour la santé… 

      Pauvre sur le plan nutritionnel et riche en mauvaise graisse, l’huile de palme ne présente pas réellement les vertus diététiques idéales. Alors que l’huile d’olive contient une graisse saturée solide à hauteur de 15%, l’huile de palme en compte environ 45%. Sa consommation peut donc favoriser le risque de maladie cardio-vasculaire. Malgré des limites réelles au niveau sanitaire, l’huile de palme est l’huile végétale la plus consommée au monde (25%), devant celle de soja  (24%), de colza  (12%), et de tournesol  (7%). Elle est utilisée dans les céréales, la margarine, la crème glacée, les biscuits, le pain, pour les produits esthétiques tels le savon ou le maquillage, et pour l’agro-carburant.
      Les entreprises agro-alimentaires ont vu dans l’huile de palme un produit bon marché et à fort rendement, bien que cette dernière soit de moins bonne qualité et nuisible pour la santé du consommateur. La demande toujours plus forte pousse les producteurs à augmenter leur exploitation.   
      La production d’huile de palme est aujourd’hui estimée à 22,5 millions de tonnes par an. Et, selon les spécialistes, ce chiffre pourrait dépasser les 40 millions de tonnes en 2020. 

…et  sur l’environnement

      Cette croissance exponentielle de la production d’huile de palme représente un réel danger sanitaire, mais aussi écologique. En Indonésie, plus de 1,8 million d’hectares de forêts vierges sont déboisées par an pour récolter la fameuse huile. Résultat, la forêt de Sumatra aurait perdu plus de 85% de sa surface verte. Les pays producteurs ne cessent en effet d’accroitre leurs productions quitte à modifier le paysage écologique. Le gouvernement indonésien prévoit un plan d’expansion des plantations de palmier à huile de 14 millions d’hectares.
      Cette conversion des forêts déstabilisent grandement la biodiversité tant végétale qu’animale. La déforestation des zones des tourbières, un écosystème qui permet de stocker une grande quantité de carbone, ainsi que les espaces animales comme les orangs-outans par exemple, sont grandement menacées par la production d’huile de palme.

Une certaine prise de conscience

      Après une certaine indifférence, le cri de garde répété des scientifiques et des écolos semblent enfin être pris au sérieux par la société. Depuis quelques années, l’écologie est clairement entrée dans le débat politique. Cette nouvelle donnée pousse les grands groupes industriels à revoir leur méthode de production. Dorénavant, des entreprises comme Carrefour, Nestlé et Unilever s’engagent à n’utiliser que de l’huile de palme certifiée durable. Le groupe Casino a même annoncé qu’il cesserait d’inclure cette huile dans ces produits.
     L’idéologie d’une huile de palme durable s’est mise progressivement en place. L’objectif est d’organiser les bonnes pratiques agricoles et surtout éviter que les plantations ne s’étendent au détriment des forêts naturelles. Différentes associations telles que Terre Sacrée, Hutan ou encore WWF dénoncent la surproduction des palmiers et promeuvent l’huile de palme durable. Surtout l’ONG RSPO (table ronde pour l’huile de palme durable), qui a été formée en 2004, se réunit régulièrement pour promouvoir cette notion d’huile de palme durable. LE 22 novembre 2011, les membres de la RSPO ont déclaré que l’huile de palme est aujourd’hui certifiée à environ 10%.

Les limites de la notion durable

       Bien que WWF soit en accord avec l’association RSPO, des associations telles que Terre sacrée dénoncent les limites de la RSPO : «Accepter l’huile de palme Malaisienne signifie légitimer la déforestation, accroitre les violations des droits humains contre les populations indigènes et conforter un modèle de prise de décision qui interdit la participation des citoyens ».
       Dans un article du 18 mai 2011, le média rue 89 dénonce clairement les limites de la notion d’huile de palme durable. Le site web s’appuie sur le cas du plus grand producteur d’huile de palme mondiale, Sime Darby. L’entreprise Malaisienne, qui est impliquée directement à la destruction de milliers d’hectares de forêts, a été accueillie en grande pompe par la région du Languedoc-Roussillon. Cette implantation en France lui permet d’ouvrir en grand le marché européen. Pire, Sime Darby pourrait d’ici peu obtenir le titre d’entreprise durable.
      A la troisième conférence internationale sur le palmier à huile et l’environnement ICOPE à Bali, qui s’est déroulée du 22 au 24 février 2012, les spécialistes se sont montrés plutôt pessimistes. En effet, d’après les estimations, la demande d’huile de palme devrait doubler dans les dix prochaines années notamment  en Chine, en Inde et au Pakistan. La production de l’huile de palme se relève donc un enjeu capital au bon équilibre environnemental de la planète.




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