Saturday 11 February 2012

La conférence sur les changements climatiques : les accords limités de Durban

article publié sur le site Eco-cité 
http://www.anciela.info/contain/ecocite.php

      Comme chaque année, les différents Etats se sont réunis afin d’évoquer les grands sujets climatiques. Du 28 novembre au 11 décembre 2011, la conférence s’est déroulée à Durban, en Afrique du Sud.
                
       Depuis les échecs conjugués des conférences de Copenhague en 2009, puis de Cancun en 2010, l’assemblée à Durban se présentait comme décisive à la survie de le Convention –cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Une institution internationale qui a l’ambition de limiter le réchauffement climatique.
            Tout d’abord, les Etats membres se devaient de trouver un accord sur le prolongement du protocole de Kyoto qui prend fin en décembre 2012. Le traité international signé en 1997, puis ratifié à Marrakech en 2001, et enfin mis en vigueur en 2005, constitue le seul accord qui contraint les nations à réduire leurs émissions de CO² de 2% en moyenne de 1997 à 2012. L’autre ambition de la conférence était de mettre en place le projet des fonds vert destiné à aider les pays en développement face au réchauffement climatique.
            Alors que les enjeux écologiques étaient de taille, la conférence de Durban a bénéficié d’une couverture médiatique limitée. La crise économique a en effet quelque peu occulté la conférence sur les changements climatiques. Les principaux dirigeants politiques n’ont que très peu évoqué la conférence, puis surtout ne se sont pas déplacés en Afrique du Sud, laissant leur ministre se rendre à Durban. Pour la France, c’est le ministre de l’écologie Nathalie Kusziusko-Morizet qui a représenté la France en Afrique du Sud.
            Du 28 novembre au 9 décembre, les Etats membres n’ont pas réussi à s’entendre sur les principaux accords. Alors que l’Union Européenne proposait un calendrier qui visait à instaurer un cadre contraignant de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les Etats-Unis et la Chine ont repoussé cette proposition. Les Américains, qui n’ont pas ratifié le protocole de Kyoto et qui ont été les principaux acteurs de l’échec de la conférence de Copenhague, constituent la principale limite aux avancées des négociations. Le gouvernement américain estime le protocole de Kyoto comme allant à l’encontre des intérêts économiques du pays.
            La conférence de Durban a surtout mis en lumière un désaccord grandissant entre les pays développés et en voie de développement. Le Brésil, l’Inde et surtout la Chine sont devenus des puissances économiques importantes qui polluent énormément pour satisfaire leur production. Alors que ces derniers doivent faire des efforts au niveau de la réduction du CO², le refus de Washington à ratifier le protocole de Kyoto est de plus en plus mal perçu. Les pays émergents, qui prennent une importance grandissante dans les relations internationales, clament une plus grande équité dans les réductions de gaz à effet de serre entre les différents Etats.
            Le 9 décembre 2011, l’impensable se produit. Alors que la conférence arrive à échéance, les Etats-membres ne parviennent pas à trouver un accord au prolongement du protocole de Kyoto. Pour la première fois depuis dix-sept ans, la conférence est prolongée. Les représentants de chaque Etat continuent alors à débattre pendant 36 heures d’affilées. Après une longue nuit, les délégués parviennent finalement à trouver un consensus le 11 décembre. Le texte prévoit un accord sur la poursuite du protocole de Kyoto, ainsi que la mise en place du fonds vert avec un capital de 100 milliards de dollars.
            Alors que Chrstiana Figueres, la responsable de l’O.N.U. pour le climat, a déclaré  « qu’en l’honneur de Mandela : cela a toujours l’air impossible, jusqu’à ce que ce soit fait. Et c’est fait », le bilan de la conférence est plus contrasté qu’il n’y parait. L’ONG Oxfam qualifie cet accord de « strict minimum possible qui laisse le monde se diriger comme un somnambule vers un réchauffement de 4°C ». Les promesses de réduction de CO² sont en effet insuffisantes. D’après les estimations du Groupe internationale sur l’évolution du climat (G.I.E.C.), il faut limiter le réchauffement climatique à 2% d’ici 2100 afin de limiter les effets les plus graves tels l’extinction d’un quart des espèces végétales et animales. D’après les estimations scientifiques, on se dirigerait plutôt vers une hausse de 3,5°C.
            De la conférence de Durban, il existe bien une feuille de route sur un accord juridique contraignant englobant pour la première fois tous les pays pour lutter contre le réchauffement climatique, mais le texte est vague, et surtout ne sera pris en compte qu’à partir de 2015. Alors que les Etats membres saluent l’accord de Durban, les écologistes, eux, se montrent bien plus mesurés. Au lieu d’une véritable avancée, les négociations sur le climat stagnent dangereusement. La conférence sur les changements climatiques de 2012 aura lieu au Qatar, le pays qui produit le plus de CO² par habitant.
           
 http://www.anciela.info/contain/article.php?id_art=136

         
                       
           

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